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dimanche 14 octobre 2012

Tunisie, le drapeau de la liberté d’expression est régulièrement brandi lorsque c’est arrangeant sur le plan politique, et oublié lorsque ça ne l’est pas..Par Amna Guellali


Lorsque le droit à la parole et la liberté individuelle sont touchées, lorsque la tyrannie prend la place de la démocratie tant espérée, tant voulue car elle est le fruit d'un long travail, d'un long mûrissement des consciences, de ce raz le bol total de toutes ces choses vécues, mal vécues qui nous étouffent dans notre être le plus profond, dans notre dignité, notre humanité est alors atteinte d'un mal qui ne peut que nous pousser à la révolte, au refus pur et simple car dans cette impossiblité de pouvoir communiquer notre pensée, nous nous heurtons aussi à l'impossibilité de vivre et d'affronter le quotidien qui nous étouffe. 

C'est cela la Tunisie sous le joug du religieux, de ces êtres à la pensée limitée par des dogmes, non ouverte à la diversité, non respectueuse des libertés individuelles. Les religions ne peuvent être, ni constituer un fondement pour une politique de l'homme. Elles contiennent des valeurs, une pensée. Mais comme toute pensée, toute valeur, elles sont susceptibles d'être critiquées, dépassées voire améliorées. Ce sont les humains qui ont créé les religions. Avant, au temps des dinosaures il n'y avait pas de religion. Cette chose est une création humaine, elle a permis à l'homme de se rassurer face au néant qui attend toute vie, mais aussi et surtout, elle a la capcité de se transformer en dogme, et donc en tyrannie. 

Ceci est un appel aux libertés individuelles en Tunisie, à l'abolition de la religion comme un des socles de l'Etat, et à une véritable laïcité ouvrant le voie des démocraties et de la citoyenneté. Je joints ma voix à celle de Madame Emna Guellali pour que nos pensées soient respectées et notre humanité réintégrées dans une société menacée par la religion et le fanatisme. 


"La liberté d’expression est devenue le théâtre d’un champ de bataille dans la Tunisie postrévolutionnaire. D’ores et déjà, le débat fait rage à l’Assemblée nationale constituante (Anc) à propos d’un projet de Constitution mis en avant par le parti islamiste Ennahdha et qui stipule dans l’un de ses articles : «La liberté de pensée, d’expression, de la presse et de publication sont garanties tant qu’elles gardent en considération le caractère sacré des individus et des religions.»
Le fossé s’agrandit entre laïques et islamistes
Ce débat concerne tous les pays vivant le «Printemps arabe». Il a également eu des échos dans des capitales occidentales. En Tunisie, le drapeau de la liberté d’expression est brandi lorsque c’est arrangeant sur le plan politique, et oublié lorsque ça ne l’est pas.

A l’occasion d’une visite en février, Wajdi Ghanim, prédicateur musulman égyptien célèbre pour sa fatwa en faveur de l’excision (mutilation sexuelle féminine), a agrandi le fossé entre laïques et islamistes. Invité par trois organisations non gouvernementales de Tunisie, Ghanim a donné des sermons dans tout le pays au cours desquels il associait les laïcs aux ennemis de l’islam. Sur les ondes de Radio Mosaïque FM, il a affirmé que l’excision, bien que facultative, était une pratique encouragée par les enseignements islamiques pour des «raisons médicales» et l’a assimilée à de la «chirurgie esthétique». «Toute personne qui n’agit pas selon la volonté de Dieu est un apostat», a-t-il martelé.
En réponse à ces propos, plusieurs organisations non gouvernementales ont déclaré que les autorités ne devaient pas tolérer un discours incitant à la haine envers les laïques ou promouvant l’excision, qui n’est même pas pratiquée en Tunisie.
La réponse de la part du gouvernement de coalition, alliance entre le parti islamiste Ennahdha et deux partis laïques, était décousue, reflétant le large éventail de l’opinion tunisienne. Le ministère des Affaires de la Femme, et celui de la Santé ont mis les Tunisiens en garde contre les dangers des mutilations sexuelles féminines et les ont appelés à signaler tout cas connu. Dans une interview accordée à la télévision nationale tunisienne, le président par intérim, Moncef Marzouki a déclaré : «Ghanim est anormal et ceux qui l’ont invité sont des microbes.» Il s’est par la suite excusé d’avoir employé de tels mots. Dans une interview diffusée à la radio, le président de l’Anc, Mustapha Ben Jaâfar, a déclaré que «la visite de Wajdi Ghounim en Tunisie était une erreur».
D’autres officiels, comme le ministre des Affaires étrangères, Rafiq Abdesslam, ont affirmé que dans la mesure où les sermons du savant musulman ne constituaient pas un discours de haine, les autorités tunisiennes ne pouvaient pas fonder leur volonté de l’interrompre dans sa tournée du pays ou de le renvoyer du pays. Ennahdha a dit, lors d’une déclaration le 17 février, que le discours de Ghanim était protégé par le droit à la liberté d’expression.
Protection (et restriction) de la liberté d’expression
Le droit international des droits humains prévoit une forte protection de la liberté d’expression. Il accorde aux Etats la possibilité de la réduire, étant entendu que, dans une société démocratique, de telles restrictions doivent rester précises et définies comme nécessaires à la sécurité nationale ou publique, à la protection de la santé et de l’ordre publics, à la protection des droits et des libertés d’autrui. De plus, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques demande aux États d’interdire «le recours à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence». Il n’est pas certain que le discours de Ghanim ait franchi cette limite.

Le droit international distingue très clairement le discours de haine qui constitue une dangereuse incitation à la haine et qui devrait être interdit, du discours qui peut déranger ou même offenser les membres d’une communauté religieuse ou de tout autre groupe social mais qui doit néanmoins être autorisé.
En temps normal, il devrait être rassurant de voir les ministres gouvernementaux du parti Ennahdha et le parti lui-même défendre le droit de Ghanim à la liberté d’exprimer ses opinions controversées. Cependant, le gouvernement a manifesté la tendance contraire en se servant de l’arsenal juridique de l’ancien régime tunisien pour s’en prendre aux journalistes et aux directeurs des médias dont les discours controversés étaient considérés comme des injures à la morale publique. Ces cas-ci dépassent de loin les éventuelles possibilités de restriction de la liberté d’expression prévues par le droit international.
Les procureurs ont retenu des charges contre le directeur d’une chaîne de télévision pour avoir diffusé le film ‘‘Persepolis’’. Le point de litige était la représentation visuelle, dans ce film, d’une conversation entre une fille et Dieu, ce qui n’est pas permis par certaines interprétations de l’islam.
Récemment, deux hebdomadaires français ont été retirés des kiosques tunisiens, l’un parce qu’il contenait une représentation du Prophète Mohamed, l’autre à cause du titre de sa une : «Questions et réponses sur l’existence de Dieu».
Un État qui invoque la liberté d’expression lorsqu’il s’agit d’autoriser le discours d’un prédicateur musulman promouvant l’excision et désignant comme «apostat» la part significative de musulmans tunisiens qui se considèrent laïques devrait aussi défendre un discours qui peut offenser les sensibilités de leurs compatriotes religieusement et socialement conservateurs.
Lors de leurs premières élections libres et authentiquement pluralistes depuis l’indépendance, les Tunisiens ont, entre autres choses, montré leur diversité politique. Le défi de l’Assemblée constituante est maintenant de rédiger un projet de Constitution qui protègera cette diversité des points de vue, pour toutes les composantes de la société.
Les événements en Tunisie ayant déclenché le Printemps arabe, les autres pays affectés par cette vague de changement suivront avec intérêt l’évolution de cette affaire. Déterminer les limites possibles à la liberté d’expression dans une société démocratique, même quand cela blesse ou dérange, est un enjeu d’une importance cruciale dans bien d’autres pays". 

mardi 3 juillet 2012

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Islamisme et théocratie
Comment gouverner sans éviter le totalitarisme religieux dans le monde arabe ?


Le 21 février 2012, Rached Ghannouchi, président du Parti Ennahdha, déclarait au journal algérien Al-Khabar « les salafistes me rappellent ma jeunesse, n’ayez donc crainte d’eux, ils nous annoncent une culture et ne menacent pas l’ordre général».

Le monde arabe entame une révolution politique et culturelle depuis la chute des pouvoirs dictatoriaux qui a suivi la révolution tunisienne.
Mais tous les dictateurs de cet univers imprégné de religion et de fondamentalismes de toutes sortes,  ne sont pas encore partis. À la place de régimes démocratiques « laïques », on voit des États marqués par la présence, dans les gouvernements, d’Islamistes allant des plus « modérés » aux plus « fondamentalistes ». Il est ainsi clair que le passage de l’autoritarisme à la démocratie, telle qu’elle devrait être, ouverte sur les libertés individuelles d’expression, de croyance, de parité est encore un très long chemin à faire.

En Tunisie, un parti salafiste vient d’être autorisé sous le nom de « Parti  al-Islâh » Parti de la Réforme, dont le chef Mohamed Khoja a assuré à Reuters qu’il respecterait la démocratie et le caractère civil de l’État tunisien. Si les salafistes ont évité la provocation lors de la grande manifestation du 1er mai, dans l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis, ils n’ont pas pu s’empêcher de contester le refoulement, par les autorités tunisiennes, de Hassan Kattani et Omar El Hadouni, à l’aéroport Tunis Carthage, deux salafistes radicaux connus pour les attentats  du 16 mai 2003 à Casablanca qui ont tué 56 morts dont 12 kamikazes. Condamnés pour « endoctrinement des Islamistes », ils ont bénéficié d’une grâce royale depuis février dernier. On peut donc objecter de suite que si ces salafistes étaient prédisposés à agir dans le respect de la loi, de la démocratie et de la paix en évitant la violence contre ceux qui ne leur ressemblent pas, ils n’auraient jamais manifesté devant l’aéroport de Tunis. Je me demande donc si M. Hassan Kattani parle au nom de tous les salafistes de Tunisie ou uniquement en son nom propre.

L’arrivée du mouvement salafiste entant que mouvement politique et son officialisation récente est un événement à ne pas négliger car il est non aléatoire. Il est le fruit de ce long rapport d’entraide que l’on a vu, dans les actes, depuis la chute de l’ancien pouvoir. Un rapport d’entraide, de collaboration sur le terrain, puisque les salafistes n’ont pas pu participer aux élections du 23 octobre 2011.

Étant les soldats d’Ennahdha sur le terrain ils agissent concrètement dans le sens  d’une soi-disant « réforme » d’esprit à purifier de son côté occidentaliste, de son arabisme laïque et de son universalisme humaniste et pacifiste. C’est pourtant l’esprit tunisien nourri de complexité culturelle.
Le nom qu’ils donnent au parti est plus que révélateur de leurs intentions dont on a vu et pesé les dangers par leurs différents actes de barbarie sur des civils innocents, des journalistes, des artistes et peintres et même sur la police. Ces dernières semaines ont vu des actes de terrorismes sur le terrain, que le parti Ennahdha et notamment sa tête pensante (Ghannouchi) se sont permis de justifier par des arguments qui ne tiennent pas.

Une main basse sur le pays, prépare activement les prochaines élections, celles qui seront officielles et qui vont réellement décider du sort des Tunisiens.

Aussi, le gouvernement actuel s’est attaché et acharné à distribuer des postes-clés aux seuls partisans d’Ennahdha et après avoir cousu leurs bouches, les blessés de la révolution menacent dans un des récents sit in de coudre aussi leurs yeux.  
En même temps qu’Ennahdha tisse sa toile de fond dans l’infrastructure politique, elle lâche les salafistes sur le peuple et les présente comme des Tunisiens fidèles à leur pays. Tout le monde a bien vu qu’ils n’ont aucune culture tunisienne, formés en Afghanistan et en Arabie Saoudite, ces jeunes sont déracinés de leur culture originelle et ont du mal à vivre dans leur propre pays avec leurs familles et plus généralement le peuple dont ils sont issus.

Cet avènement d’un parti salafiste se trouve être la réponse d’Ennahdha  aux élections estudiantines dans les Universités où ils se trouvèrent extrêmement minorés et du regroupement massif d’un bon nombre de démocrates autour d’un parti unificateur, initiative menée par Béji Caïed Essebsi.

Passé cette période de calme au cours de laquelle les Salafistes ont réussi à officialiser leur parti et à le faire reconnaître, on voit depuis trois ou quatre semaines une recrudescence des violences : attaque d’un poste de police à la ville de Jendouba avec des cocktails Molotov, des gros couteaux et certains avec des sabres ; attaque de vendeurs de boissons alcoolisées dans cette même ville, le même jour ; attaque des artistes[1]et des journalistes et télévisions à Tunis et récemment à la Marsa et Sousse, conflits dans des villes comme le Kef, prise de la ville de Sejnane à Bizerte par des salafistes qui mènent les autochtones par le bout du net en leur imposant la pratique des rituels religieux tels qu'ils l'entendent et j'en passe… L'enfer de ces gens ne fait que s'accroître et même la police ne peut rien faire pour eux. Les forces de l'ordre sont démunies de toute autorité, les pauvres habitants de la ville sans cesse menacés et violentés en cas de désobéissance. 
De son côté, Ennahdha, fidèle à son projet initial de museler les différentes instances du pays, licencie des juges pour les remplacer par d’autres de leur propre rang, place des gouverneurs dans toutes les communes et villes et commence à agir en toute légitimité pour lancer la prochaine campagne électorale[2], certains affirment même que ce sont les fond publics qui sont utilisés à cet effet !!

Lorsque certains ont a voté pour des intégristes religieux, ils ont cru avoir fait un cadeau au bon Dieu, mais qui en a profité ? C’est Ennahdha, dans une quête folle du pouvoir. Ce n’est pas le sort des jeunes chômeurs qui l’intéresse, ce fut un argument de force de sa dernière campagne en même temps qu’une conception théocratique du parti : étant islamiste, il a une légitimité divine. Étant majoritaire dans la Constitution, sa place est sacrée et on jouera sur le divin et le sacré pour culpabiliser les plus niais et les plus croyants. À l’aveuglement d’un parti dogmatique, tyrannique, s’ajoute celui de pauvres croyants dont l’objectif est le paradis au milieu des Houris.

Pauvre Tunisie ! Alors que ce petit pays pacifique fit vibrer le monde par un soulèvement sans précédent, brisant les chaînes d’une longue dictature qui a duré vingt-huit ans, il montre au monde entier son incapacité à concrétiser ses vœux de démocratie, de liberté, son attachement à l’humanisme depuis des millénaires.
Bien qu’une partie importante de la population formée d’intellectuels moderniste luttant contre l’obscurantisme, cette dernière force semble gagner du terrain avec beaucoup d’assurance[3] : on compte en effet plus de 80 ministres, 16 des 24 gouverneurs du pays sont du parti Ennahdha, sans compter les anciens du RCD qui ont été transformés pour servir le seul parti qui doit subsister malgré tout. Ennahdha est en train de perpétrer le chemin déjà suivi par l’ancien président et son régime, il agit de l’intérieur, aidé financièrement et politiquement de l’extérieur par le Qatar, encouragé par les Etats-Unis. C’est dans ce sens que l’on entend maintenant dire haut et fort que la politique d’Ennahdha et bien celle du RCD.

On ne comprend que très mal cet engouement pour les partis religieux dans le monde arabe. À l’heure où les peuples aspirent à plus de démocratie, certains se veulent porteurs d’une culture islamique toute autre avec des valeurs nouvelles fondamentalistes et prêchant  le renfermement dans le culte.

Le XXIème siècle est décidément un siècle religieux, comme l’avaient annoncé certains penseurs. Mais de là à voir que les plus fondamentalistes de l’Islam se servent à la fois des avancées techniques et de la religion comme une arme pour étouffer une révolution culturelle qui pourrait apporter richesse et profondeur à la pensée politique de l’Arabe en général. La religion devient ici un frein à l’épanouissement personnel des hommes et des femmes, un moteur de répression et une manière caduque de penser le monde.
Aussi, la religion ne peut plus embrasser la sphère politique, mais devra se suffire de la sphère personnelle. On ne peut continuer à perpétrer ces violences explicites qui caractérisent les dogmes. Violence contre la libre pensée, violence contre ceux qui ne veulent plus pratiquer ou croire, violence contre des innocents dont le seul souci est de vivre dans la paix, violence pour le seul plaisir de voir souffrir l’autre. Le suicide récent d’un cyber activiste  tunisien est un cri de désespoir dont beaucoup ignorent sans doute l’ampleur, dont beaucoup ignorent la souffrance psychique et intérieure qui l’a provoqué… Comment peut-on continuer à vivre avec une telle réalité ? Comment vivre avec les nouvelles règles du jeu salafiste et islamiste de façon générale ? Comment accepter l’indignité dans laquelle la Tunisie se trouve aujourd’hui, gouvernée par des hommes qui n’ont du pouvoir que le désir ? Comment peut-on permettre aujourd’hui que des partis religieux soient autorisés après les crimes commis contre la société tunisienne, contre les civils, les autorités policières qui n’ont même plus le droit de se défendre contre les violences commises à leur égard ?
La question posée dans cet article est donc rhétorique du fait de l’avènement évident et irrévocable du religieux en politique depuis les récents soulèvements dans le monde arabe. Ne sont là que les signes précurseurs d’un monde qui se prépare à sombrer dans l’obscurantisme ? En Tunisie, certains sont inquiets face à l’occupation sur le terrain politique de ces Islamistes, toutes tendances confondues, certains autres ayant déjà bien digéré le discours officiel des gouvernants actuels sont sûrs que ces salafistes barbus ne pourront jamais nuire à la société, étant de pauvres personnes, sujettes à toutes sortes de misères et dont une bonne partie a fait de la prison.

On pense que tout va bien… Est-ce que tout va bien ? L’avènement des Islamistes au pouvoir dans le monde arabe n’est pas un hasard de l’histoire, mais un projet préparé, travaillé, longuement échafaudé. Ce retour en force des religions est bien le signe du désespoir des Arabes musulmans dans un monde où tout va si vite et leur demande de changer de culture, d’évoluer et de vivre l’Histoire qui est en cours.
C’est aussi le rêve d’un retour au califat, comme cela a été annoncé par Jbali, le Premier Ministre tunisien pendant la campagne électorale d’octobre 2011.
C’est de même l’appropriation du pouvoir, après des années d’isolement, par un groupe islamiste qui a changé de nom comme on change de chemise afin de prendre des allures de parti religieux modéré. 
C’est le signe que le religieux travaille dans les méandres des sociétés arabes, dans leurs plis les plus secrets depuis des années et que le fruit de ce travail a si bien muri : un Islam combattant et violent explose à la figure des plus modernistes, des plus démocrates et des plus laïques. 
C’est enfin un bon barrage à l’évolution du reste du monde arabe vers des régimes laïques, non monarchiques, plus démocratiques. L’Arabie Saoudite et le Qatar ont bien œuvré pour bloquer toute infiltration d’idéologies progressistes dans leurs univers respectifs marqués par le pétrodollar, la corruption et surtout la vieillesse des gouvernants qui n’ont plus rien à donner à leurs peuples, incapables de construire un nouvel humanisme.
La suite de cette décevante épopée qu’est celle du « printemps arabe » n’est pas sans nous réserver des surprises, le futur nous le dira. 







[1] Ce message a été posté su Facebook le 10 mai « DES SALAFISTES SONT VENUS À LA ABDELYA ACCOMPAGNÉS D'UN HUISSIER NOTAIRE ET D'UN AVOCAT ET ILS VONT INTENTER UN PROCÉS CONTRE ARTISTES ET GALÉRISTES. ILS ONT DONNÉ UN ULTIMATUM POUR QUE LES OEUVRES SOIENT DÉCROCHÉES LORS DE LEUR PROCHAINE VISITE À 18H ! TOUS À LA ABDELYA À PATIR DE 17H POUR DÉFENDRE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION OU LA LIBERTÉ TOUT COURT!""

lundi 28 mai 2012

http://www.lecourrierdelatlas.com/273028052012Billet-Tunisie-Les-salafistes-passent-a-la-vitesse-superieure-Ennahdha-aussi.html

vendredi 6 avril 2012


Hommage à Habib Bourguiba
Intellectuel, homme d’État et fondateur de la Tunisie moderne
2000-2012








Pour commencer
Cela fait exactement douze années que Habib Bourguiba nous a quitté. Sa mort a laissé le peuple tunisien  dans une espèce d’orphelinat à une période où il était sous le joug d’un État tyrannique et despotique sous Ben Ali, cet individu avec un bac moins quatre, qui a volé la Tunisie, qui l’a pillé, l’a mise à genoux et qui a surtout participé activement à la formation de ces deux sectes salafiste et wahhabite en poussant la répression au plus haut degré de violence.

Beaucoup diront, notamment des spécialistes en Sciences Politiques en France que Bourguiba a préparé le despotisme de Ben Ali. C’est une perception très simpliste de la vision qu’avait Bourguiba de la politique et du rôle d’un gouvernant : la première chose à laquelle il a toujours tenu est celle de la morale contre l’opportunisme politique. Il a toujours été égal à lui-même, il a vécu pauvre et est décédé chez lui, en résidence surveillée, riche du peu que lui léguèrent ses parents. Il n’a jamais pillé le peuple, il n’a jamais voulu le réprimer, c’était un homme qui avait le respect du droit et qui ne pouvait concevoir l’État en dehors de la raison.

Sur un site dédié à Bourguiba il est écrit ceci : « Avec la disparition du Leader Habib Bourguiba, la Tunisie et le monde perdent l’un des chefs historiques qui ont conduit leurs pays à l’indépendance et à la liberté, et l’un des grands hommes que le vingtième siècle ait connus au Maghreb, dans le monde arabe, en Afrique et dans le Tiers-monde » (http://www.tunisie.online.fr/bourguiba/ )

Moi qui ai consacré 740 pages au cours de ma préparation du Doctorat portant sur sa conception de la Francophonie et dévoilant enfin son parcours et son rôle dans la mise en place de l’ACCT auprès de Senghor et d’Hamani Diori, avec qui il fut père fondateur, moi qui ait publié plusieurs articles où j’analyse avec détail ses discours sur la coopération universelle, sur la déclaration de la république en 1957, sur sa conception de la religion et les solutions réformatrices pour que les hommes puissent vivre dans la paix, je connais maintenant et l’homme et l’homme d’État, je suis le fruit de sa belle réforme, je ne peux qu’être fière de ce qu’il m’a apporté, même si les dernières années de son pouvoir furent très difficiles, même s’il s’était proclamé président à vie… Bourguiba était pacifiste, son attachement au pouvoir ne partait pas du désir de s’enrichir, mais parce que toute sa vie a été consacrée à la politique, il y a consacré son temps, son esprit et ne pouvait plus concevoir de vivre en dehors d’elle.

Moi qui ai publié en 2011 un livre sur son pèlerinage oriental de 1965 où il se consacre à la question palestinienne et au sort du monde arabe, toujours en conflit permanent, en lutte, je ne peux que penser au grand bien qu’il apporta à son pays et à l’esprit d’initiative et de coopération dont a été, dans tout le monde arabe, un pionnier. Il a osé dire, concernant la question palestinienne, ce qu’aucun chef d’État de l’époque n’avait osé affirmer, et je pense ici à Nasser, homme charismatique, mais aussi démagogue, d’où ses faiblesses.

 Bourguiba et la Francophonie

Il ne s’agit pas là de l’histoire de quelques discours prononcés à l’occasion, dont j’avais analysé en long et en large, au moindre détail du texte aussi, mais d’une véritable vocation. Bourguiba avait réellement cette force génératrice de reliances entre les peuples. Senghor l’avait vu tout de suite, lorsqu’il le rencontra en France en 1955 alors qu’il était en résidence surveillée. Il rapporte cela en ces termes : « l’idée m’est venue, je crois en 1955, lorsque, secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar Faure, j’étais chargé de la révision du titre VIII de la constitution, relatif aux départements, territoires d’outre-mer et Protectorats. J’eu, alors, l’occasion de m’en entretenir avec Habib Bourguiba, qui était en résidence surveillée en France. C’est de là que datent notre amitié et notre coopération. Il s’agissait, comme je l’ai dit en son temps, d’élaborer, puis d’édifier ensemble un « Commonwealth à la française »[1]  
C’est en ces temps-là que murissait le projet francophone, entre deux hommes formés par la France, doués d’une force morale que rien ne pouvait ébranler, vivant dans l’espoir d’un monde fraternel et humaniste. Le poète et l’avocat, hommes politiques de surcroît, ont échangé des points de vue et se sont appréciés l’un l’autre. Ils parlèrent de ce projet de la Francophonie qui leur semblait encore une belle utopie alors que leurs pays respectifs n’étaient même pas encore libérés du joug colonial. Peu après leurs indépendances, ils se retrouvèrent pour accomplir l’unité par laquelle il fallait construire une Afrique nouvelle, et promouvoir des hommes et des femmes capables de penser l’humanisme après avoir vécu la rage d’en avoir été démunis.
La Francophonie fut d’abord cette capacité de dépasser sa rancune afin d’édifier un monde pacifique et éternellement construit sur un progrès positif. Leurs vœux étaient bien communs et leurs formations divergentes les avaient réunis. C’est sans doute pour cette raison qu’ils ont tout deux parlé d’unité dans la diversité en ce qui concerne la Francophonie, d’un « Commonwealth français », de l’altérité qui est à la fois accord et diversité.

L’altérité, entre diversité et unicité

L’altérité et l’unicité sont à la fois reliées et étrangères l’une à l’autre. Au fond de toute unicité, il y a de la diversité ; dans toute diversité l’unicité est fondamentale.
Les conflits humains sont, paradoxalement, le signe de la recherche d’unicité au-delà de la diversité et cette dernière est elle-même génératrice, à la fois de conflits, c’est-à-dire de crises (guerres et conflits de toutes sortes..), et créatrices de situations nouvelles où les données sont encore plus divergentes.
Pour Bourguiba, la Francophonie est justement ce rapport par lequel se joue l’altérité entre diversité et unicité. Tout en partant d’une base qui est la langue-culture tunisienne, elle-même enrichie d’une dimension arabe, on arrive à réaliser des liens indéfectibles avec l’univers français, lui aussi conçu comme une passerelle vers d’autres corrélations avec d’autres peuples et d’autres civilisations. C’est en partant de cette « jeunesse toujours renouvelée » que le tribun, notamment à  l’Université de Montréal le 11 mai 1968, évoque la relation organique qu’elle entretient avec l’Université  tunisienne  et leur lien avec celle fréquentée entre 1924 et 1927 à Paris. Ainsi, au-delà des diversités apparentes, il y a toujours unicité.

Le français fut introduit en Tunisie, au Collège Sadiki, par le ministère de Kheireddine. Cet homme d’État Turc maniait admirablement le turc autant que le tunisien, le français et l’arabe[2]. De telles ouvertures au monde sont hélas l’œuvre de responsables politiques s’exprimant à la perfection dans plusieurs langues. Un acquis qui les ouvre à une large culture leur permettant de penser des liens entre les civilisations dans la complexité.

L’altérité, loin de naître d’un simple sentiment de différence, est surtout le fait d’être soi-même comme un autre, une étape fondamentale pour un transculturalisme qu’ont connu les Tunisiens depuis l’Antiquité.
La dimension francophone d’une infinie richesse est l’autre face de la latinité vécue avec l’Empire romain et dans lequel il y avait déjà des substrats culturels puniques, berbères, grecs, arabes, espagnol, vandales, pour ne citer que ceux-là. S’ils furent bien intégrés par la culture tunisienne, c’est parce que la position géographique du pays ouverte sur la méditerranée et le commerce extérieur, lui ont de tout temps conféré une place de choix dans les contacts avec le monde. La Francophonie est dans ce cadre bien à sa place, elle ne peut que s’y épanouir de diversité et d’harmonie. De tels liens d’unicité et de diversité dans l’altérité nourrissent perpétuellement la vie des langues-cultures en leur accordant présence et élargissement. Les différences ne sont donc plus conçues comme des obstacles, mais comme le point de départ pour une meilleure compréhension d’autrui.

Dans les discours de Bourguiba, la question de l’autre est finalement posée en permanence. En replaçant la Francophonie dans l’Universel, Bourguiba illustre admirablement l’esprit d’un univers complexe où les hommes ne sont pas uniquement séparés par des conflits permanents, mais aussi et tout autant, faisant partie d’un univers uni et pacifique. La Francophonie est donc aussi, pour lui, un espace de reconnaissance mutuelle où tous se retrouvent pour parler le même langage et réfléchir à des valeurs communes. Une telle éthique de la Francophonie, inscrite dans le progrès et le respect des divergences, ne pourra souffrir l’immuabilité et les lois catégoriques en un lieu, un temps. En effet, elle s’inscrit toujours et partout dans un combat livré, pour toujours réaffirmer la dimension de paix qu’elle incarne. Aussi souligne-t-il, avec le recul nécessaire que cela implique, cette idée de familiarité de la langue française pour les Tunisiens bien avant l’établissement du Protectorat en 1881 : « Il ne me semble pas que, tout au long des soixante-quinze ans qu’il (le Protectorat) a duré, la langue française soit apparue comme l’instrument de la domination qu’il nous fallait subir »[3].
La reconnaissance d’une telle amitié est justement un gage de paix entre deux pays qui ont connu des périodes de conflits. Il se trouve subséquemment que le rapport complexe de concordance et de discordance a de tout temps été traversé de part et d’autre par l’admiration et / ou l’indifférence pour la culture et la langue de chacune des deux parties : pour le colonisé, la maîtrise de la langue-culture du colonisateur est un moyen efficace pour combattre l’injustice car elle est humaniste au plus profond d’elle-même ; pour le Français de Tunisie, la connaissance de la langue-culture tunisienne lui permet d’appréhender l’espace dans lequel il vit, et de l’apprécier. Pour Bourguiba, « langue des philosophes de la liberté, le français allait constituer en outre pour [les Tunisiens], à côté de l’arabe, un puissant moyen de contestation et de rencontre ». La maîtrise de l’arabe et du français a légitimé l’usage de ces deux langues, « toujours d’ailleurs de façon hasardeuse » par le tribun, comme par d’autres intellectuels de son époque et à égalité au cours de leur lutte. La place de choix donnée au français comme une langue de révolution, pour le combattant qu’il fut, lui permet de se faire entendre par le reste du monde : « c’est à travers l’usage de la langue française que nous avons pu faire entendre la voix de la Tunisie dans le concert des nations.. »[4].

L’ensemble des discours de Bourguiba sur la Francophonie forme un grand Texte porteur d’une pensée élaborée dans le temps et dans l’espace, au fur et à mesure d’une avancée intellectuelle s’ouvrant rapidement à l’humanisme et donc à l’universel, donc de plus en plus marquée par une Ethique transcendant les blocages identitaires, les certitudes toutes faites et même les spiritualités à tendance communautariste.  Il circule dans la pensée bourguibienne un air frais et pur dépouillé de toute forme d’intolérance ou de prosélytisme. On découvre ainsi une langue d’une remarquable pureté, parfois plus poétiquement percutante que celle de Senghor et peut-être même plus convaincante dans la mesure où le passé historique de l’auteur exclut toute idée de complaisance.

Tunisien, Bourguiba l’est totalement, mais, quand il replace la Tunisie dans le contexte mondial de son temps, il semble avoir déjà lu et intériorisé, 40 ans avant qu’elle ait été écrite, l’Ethique d’Edgar Morin. Il est ainsi un précurseur qui, mieux encore que Senghor ou Césaire, a senti la nécessité de mettre un bémol aux certitudes historiques. Sa philosophie, symbiose d’islam, de christianisme et de gandhisme, est irisée de militantisme et de compassion, d’arabisme et de francité, de fierté et d’humilité. Il est beau, il séduit, il agace, il assène, il provoque, il convainc ; c’est un tribun, une sorte de Protée négociateur et séducteur, tragédien et homme de cœur,  moraliste et batteur d’estrade ; il connaît toutes les ressources de l’art oratoire et sa vaste culture lui permet, en dominant  son sujet et ses contemporains de la tête et des épaules, d’enthousiasmer tous ses auditoires.

En ce jour où la Tunisie toute entière, à part ses barbus qui ne l’ont jamais connu, lui rend hommage, je rappelle ici cet extrait de son Discours de Montréal de 1968, où il éblouit par son ouverture d’esprit et son éloquence naturelle : « Il me plaît de reconnaître enfin que le fait francophone constitue chez vous, comme il ne cesse de l’être pour nous, un facteur de rencontres. Loin de porter au repliement, il favorise l’insertion dans le monde lui-même projeté à la pointe du progrès ». 
Ce n’est qu’en lisant Bourguiba que l’on se rendra compte de la grandeur d’une pensée profondément humaniste, résolument révolutionnaire, visionnaire et  « perfectible à l’infini » comme sa conception de l'homme. Sa pensée étant d’actualité, il appartient au peuple tunisien de la perfectionner et d’en faire bon usage pour construire une Tunisie encore plus moderne, fidèle à son histoire et aux rivages qui l’ont nourrie de leurs eaux fécondes. 

[1] L.S. Senghor. 1993. « La Francophonie et le français » Discours de réception de l’Académie des Sciences d’Outre-mer, 2 octobre 1981. In Liberté 5, Le dialogue des cultures pp. 133-144. Editions du Seuil. Paris.
[2] Kheireddine avait rédigé ses Mémoires en français et en arabe.
[3] Discours de Montréal, mai 1968.
[4] Bourguiba, Idem.

jeudi 15 mars 2012

Tunisie postrévolutionnaire. Le choc des cultures



  
À l’heure où se joue l’avenir démocratique du monde arabe, les aspirations tunisiennes et arabes de façon générale, sont de deux tendances : un penchant progressiste moderne, et un autre nourri d’une obsessionnelle régression avec le rêve d’un monde soumis à la religion. Laquelle va finalement triompher ? La position des Islamistes au pouvoir les met dans une situation fragile qui démontre d’ores et déjà leur incapacité à diriger des peuples épris de libertés et de démocratie, aspirant à recouvrir les Devoir Fondamentaux de l’Homme.

Nous assistons à un projet de transformation de la société tunisienne, étonnés, ahuris, scandalisés et choqués par ce qui se passe depuis l’arrivée des Islamistes sur la scène politique.

Pays moderne, considéré comme la Grèce de l’Afrique du nord, la Tunisie a, et demeure encore le fleuron des acquis fondamentaux quant aux droits de la femme, à l’éducation et à l’ouverture au monde. Aux confluents de l’Europe, de la méditerranée, de l’Orient et de l’Afrique, la Tunisie s’affiche, fidèle à son histoire, une mosaïque des civilisations, un monde où toutes les cultures s’y sont intégrées sans réticences aucunes, parce qu’elles y ont trouvé la chaleur du climat et des peuples qui l’ont habité. C’est mon pays.

Les Islamistes, toutes tendances confondues, sont des individus dogmatiques, leurs préoccupations majeures : changer les mentalités, opprimer et inférioriser les femmes, instituer la charia, créer une société selon les préceptes coraniques, participer à instaurer un VIème califat, projet d’envergure des régimes islamistes qui se mettent en place en Egypte, en Lybie, au Maroc, au Yémen et sans doute bientôt en Syrie et en Algérie. C’est la course vers l’obscurantisme à qui mieux mieux.

Que voit-on au jour le jour ?

Les quartiers sont investis de barbus pour la majorité incapables d’une réflexion sérieuse sur la réalité, passionnés par la vie et l’itinéraire d’un Prophète dont ils sacralisent l’apport et la pensée, aveuglés par leurs instincts primaires où la femme semble prendre une place de choix, vivant dans un univers où le passé islamique est à la fois leurs présent et futur. Tout se confond en un seul et unique versant. Aucune vision dialectique ou raisonnée de l’histoire, l’unique et perpétuelle histoire qu’ils connaissent est celle de l’Islam. Leur monde s’arrête et commence là, au VIème siècle de J-C, il va jusqu’à la déchéance des Arabes après la chute du Vème califat… leur monde est sans perspectives, immobilisé dans les rêveries d’un retour aux sources d’un Islam fort, belliqueux, illuminé et hégémonique. C’est un rêve de barbarie dont ils font l’exercice au quotidien contre les hommes et les femmes, contre la jeunesse qui aspire à un futur de modernisme, de laïcité, de démocratie, une voie vers un humanisme authentique où les dogmes religieux n’ayant plus de crédibilité, sont relégués à la sphère personnelle, dans les mosquées, loin de la vie citoyenne et même en rupture avec elle. Beaucoup d’entre eux sont revenus d’exil ou relâchés des prisons suite à la chute du régime de Ben Ali.

Les Islamistes pratiquent une politique complexe de répressions, régressions et obscurantismes. Ils profitent de la démocratie pour s’installer, mais contestent ses pratiques et valorisations, ses substance et réalisations. Bref, leur politique refuse d’admettre ceux qui sont différents, qui ne sont pas Islamistes, qui ne sont pas ou ne se reconnaissent plus dans l’Islam et ceux qui veulent que religion et politique soient séparés. C’est l’image des Rhinocéros courant sur la scène d’Ionesco, où se trame la critique de l’extrémisme fasciste, qui me revient à chaque fois que je réfléchis sur la politique des religieux. Pourquoi, me diriez-vous ? Je réponds d’abord  par une phrase: je les ai vus se transformer.

Je réponds ensuite plus longuement : la mutation culturelle est une idée inconnue chez les Islamistes. Ils ont une vision égocentrique de la culture et de la civilisation arabes. Tout en reconnaissant les autres religions du Livre, ils sont convaincus que l’Islam en est l’apogée, et même une version parfaite du monothéisme. Lorsqu’on lit la Bible, notamment l’Ancien Testament, après avoir bien lu et bien connu le Coran, on se rend compte de l’intertextualité qui relie les deux Livres. La réponse est facile : l’Arabie du VIème siècle comptait beaucoup de tribus chrétiennes et des communautés hébraïques où même certains camarades de Mahomet ont appris à lire et à écrire l’hébreux et l’araméen, langues dominantes à l’époque, l’arabe n’ayant encore aucun système codé et formant des dialectes divers. Ce sont les poètes préislamiques, à travers une tradition orale longue de plusieurs siècles, qui ont déclenché et développé la promotion de la langue arabe. Et il est assez visible, lorsqu’on a découvert toute cette tradition, que même si le Coran est la première prose poétique arabe, il s’inspire largement de la poésie préislamique qui l’a nourri tout autant que les textes religieux hébraïques et chrétiens. Il ne s’agit là d’aucune infériorisation du texte coranique, au contraire, cette brève démonstration vise à le remettre dans son contexte originel et à en montrer la richesse à la fois culturelle, littéraire et historique. Quant à la question de savoir pourquoi le Coran est en versets et pas en vers, cela est facile, je pense, il s’inspire dans sa forme prosaïque de l’Ancien Testament qui est lui aussi en versets. Le Coran ne devait pas se confondre avec la poésie, même les aèdes Quraychites qui ont classé Mahomet parmi les poètes furent massacrés à une époque, pourtant elle y est présente avec force.

On voit donc, contrairement à la vision immuable de l’histoire que proposent les Islamistes, toutes tendances confondues, que les religions ne sont pas le produit d’un esprit statique, mais en mouvement, en changement perpétuel. L’Histoire ne peut pas être ignorée dans le but de servir les ambitions politiques de religieux chevronnés dont le regard, au lieu de se poser sur les hommes qui la font, est constamment dirigé vers le ciel, à la recherche de quelque miracle qui nous tomberait sur la tête pour améliorer nos vies.

Pire encore, nos vies, si elles ne s’améliorent pas, ou peu, ou même jamais, elles ne comptent pas, c’est la vie après la mort qui est meilleure… La vie sur terre est un passage qui même dans la misère, ne doit pas être méconnue, remise en question, nourrie de nos révoltes et nos mécontentements. Elle doit se suffire à elle-même et on doit s’y résigner. Dans une sorte de cercle vicieux, les Islamiques veulent emprisonner les sociétés arabes qui se réveillent enfin, parce qu’elles répugnent et refusent la dictature, toutes les dictatures désuètes, la résignation, toutes les résignations aveugles, le dogme, tous les dogmes précuits.

La transcendance absolue qui est apparue avec la sémiticité, une des matières fondamentales à côté de la sacralité et de la médiévalité du monothéisme, mettant l’homme en position de faiblesse et de crainte, de fascination et d’obéissance absolues à un Dieu justicier et centre-souverain du monde, ne peut plus fonctionner aujourd’hui en politique et même dans la pensée humaine de façon générale. La souveraineté en politique relève de la monarchie absolue, or les Islamistes viennent s’installer au pouvoir dans des systèmes républicains qu’ils souhaitent transformer en tyrannie nouvelles. Ces républiques veulent acquérir leurs droits les plus fondamentaux et fonder un système juste et cohérent avec les réalités du monde actuel.

C’est là que l’on voit clairement la stratégie politique islamiste, fondée non une pragmatique du monde, mais sur une transcendance : l’homme et le monde se trouvent dans une réalité qui ne se définit que comme étant le signe de la réalité divine indivisible et souveraine. Le projet islamiste est donc hégémonique et il ne peut pas en être autrement. Pour ceux qui continuent à prôner un Islam modéré, je dirai qu’aucune religion n’est modérée, car la religion est Passion et la modération ne vient que de la Raison.

À ceux qui veulent définitivement tourner cette page islamiste, je dirai qu’il est fondamental de reléguer les religions à l’espace personnel en les séparant de la vie citoyenne et de la politique.
Il est temps de fonder une éthique nouvelle où l’Homme aura enfin sa place dans l’Univers. 

lundi 5 mars 2012

Religions, une souffrance inutile. Arrêtez le délire !!

Sur les pages FB, des amis tunisiens cherchent dans la religion musulmane ce qui montre que la femme est l'égale de l'homme, qu'elle a une place importante dans la société, qu'elle est l'égale de l'homme. Tout dans l'Islam et dans les autres religions monothéistes démontre le contraire: les prophètes sont tous des mecs, les femmes n'ont pas droit à la polygamie, sans parler des droits d'héritage et du tutorat concernant les femmes célibataires. Dans les religions les femmes sont inférieures car considérées comme immatures: la pomme d'Adam  en est l'exemple le plus illustratif. Dans l'Islam, (et même dans le Christianisme) le corps de la femme est la représentation magistrale du péché, elle est même un objet de désir pemanent de la part des hommes, ceux-là mêmes qui se permettent de prendre toutes celles qui leur plaisent  par les voies du mariage coutumier. La société tunisienne est dans le délire le plus total. Il faut cesser de parler de religion et s'inscrire dans une perspective moderniste, ouverte sur un nouvel humanisme qui ne peut plus se construire sur les religions, mais sur une pensée libre de toute culpabilité, libre de toute référence à un Dieu assoiffé de violence et prêt au châtiment éternel. Toute la pensée arabe est muselée par la religion.  Or il faut sortir de ce radotage inutile. La politique et la religion doivent être séparés. la religion devra se limiter à la sphère personnelle.La politique est une affaire de citoyenneté et doit être laïque. La religion n'est pas obligatoire, on peut être croyant ou athée. C'est un droit humain que les sociétés modernes se doivent de respecter. Des Islamistes au pouvoir c'est le danger qui guette le développement et l'épanouissement de systèmes démocratiques dans le monde arabe tiraillé entre identité citoyenne et identité religieuse. Cette lutte qui dure depuis plus d'un siècle doit cesser. Même l'athéisme devrait avoir une place dans les universités à travers les philosophies et les pensées rebelles, celles qui veulent libérer et rendre à l'homme son humanité véritable. Toutes ces histoires des Cheikhs de l'Islam ne devraient plus toucher qui que ce soit. le piège dans lequel vous tombez c'est celui de la culpabilité vis à vis de la religion. Les religions sont un moteur de repression et travaillent à rendre les hommes esclaves. Si vous êtes croyants c'est votre affaire, mais il est nécessaire de sortir de la culpabilité et de chercher des moyens pour justifier que votre religion est ou non pour les libertés individuelles. Tout cela n'est que faussetés, détours et ne servira pas à sortir la Tunisie du joug islamiste. 

lundi 6 février 2012

Lettre ouverte à Madame Sihem Badi, Ministre de la Femme et de la Famille – News of Tunisia

Lettre ouverte à Madame Sihem Badi, Ministre de la Femme et de la Famille – News of Tunisia

On est bien loin des voeux de démocratie, d'un Etat de Raison, on est en plein dans un Etat islamique, une Constitution rédigée par un islamiste, pensée par une majorité de wahhabistes et travaillée de l'intérieur par les Salafistes au jour le jour et dont le but final est la transformation complète des mentalités en Tunisie, une réforme islamiste, un monde avec des hommes, des hommes, des hommes... des mosquées, Dieu, Ghannouchi et ses amis.. On est dans un ravin sans fin, un tourbillon fatal, une nouvelle ère de dictature. C'est le Mouled alors profitez de la naissance du Prophète de l'Islam pour réfléchir et RAISONNER, après avoir consommé les mets n'oubliez-pas que Ghannouchi sera là pour rappeler que l'Islam est bien religion d'Etat en Tunisie, et en profitera pour rappeler que Bourguiba était un mécréant et que la Constitution qui avait été rédigée en Tunisie et qui a construit la République, c'est une constitution médiocre et qu'il est nécessaire de réécrire une nouvelle constitution où figure la Charia... Où va-t-on ? Faudra-t-il qu'à chaque fois qu'un nouveau gouvernement est élu, changer de Constitution ?!! C'est trop visible non ?! Vous avez compris pourquoi on veut réécrire la Constitution tunisienne? personne ne pouvait le soupçonner, oui mais la réalité est là !!
Lorsque les hommes apprendront à mieux lire et comprendre leur réalité au lieu de chercher des réponses à leurs questions dans l'Au-delà, ils auront tout compris, et sans doute auront-il accompli leur destinée: celle de l'Homme, cet animal qui a une conscience !! 

lundi 16 janvier 2012

http://www.lapresse.tn/12012012/43474/retour-sur-une-occupation-pas-comme-les-autres.html
Un article récent de Jamil Sayah dans la Presse tunisienne du 12-1-2012

dimanche 8 janvier 2012

Je crois fermement que la trace et l'héritage de Bourguiba ne seront pas oubliés de si tôt, même si le gouvernement transitoire actuel cherche, par tous les moyens, d'en effacer l'empreinte et la valeur, dans les esprits des Bourguibistes tunisiens et des générations dont il a nourri la pensée et donné, avec éclat et fermeté la ligne de conduite qui a fait de la Tunisie d'aujourd'hui le pays d'où est partie la grande marée des révolutions arabes. La Tunisie, n'est pas seulement le pays de la souveraineté et de la dignité qui ont de tout temps caractérisé un peuple, c'est aussi le pays où les esprits ont été formés au progré de l'Esprit, dans une dimension infinie et toujours en perfectionnement. Ne vous étonnez pas de voir que ce peuple de Carthage a ramené le printemps arabe, car de Tyr était partie Didon pour fonder la meilleure constitution jamais vue dans le monde Oriental et Occidental, et Aristote à la suite de Platon le rappelle si bien dans Les Politiques. Les traces d'Hannibal, de Bourguiba, et de tous les révolutionnaires  à l'aube du 21eme siècle, qui ont ouvert un processus de bouleversement éthique et politique dans tout le Moyen-Orient, jusqu'aux Etats-Unis et en Europe, ne finiront pas de marquer aussi l'histoire de l'humanité. Camille Bégué avait déjà prévu la dimension révolutionnaire de ce Romantique qu'est Habib Bourguiba en ces termes :  

« Par ses actes et par ses paroles, il lègue une conception de l’homme et une vision de son véritable destin qui méritent d’occuper une place de choix parmi les pierres angulaires de l’histoire. Parce que, toute sa vie, il a « cru à la supériorité de l’esprit sur la matière », il a entrepris une œuvre gigantesque d’hominisation. Il ne convient pas de l’apprécier uniquement à ses résultats immédiats, qui ne sont d’ailleurs pas de l’ordre mesurable. Il est plus juste de se souvenir qu’il n’y a pas d’acte indifférent dans l’univers. Chacun se prolonge dans l’espace et dans le temps. L’enseignement de Bourguiba est une semence qui, au fil des siècles, n’en finira pas de germer, d’interpeller les âmes et de susciter en elle des réflexions et des conflits salutaires »

Camille Bégué
Préface aux Discours d’Habib Bourguiba
Volume I, années 1955-1956
Publications du Secrétariat d’État à l’Information
Tunis. 1974.