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mardi 3 juillet 2012

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Islamisme et théocratie
Comment gouverner sans éviter le totalitarisme religieux dans le monde arabe ?


Le 21 février 2012, Rached Ghannouchi, président du Parti Ennahdha, déclarait au journal algérien Al-Khabar « les salafistes me rappellent ma jeunesse, n’ayez donc crainte d’eux, ils nous annoncent une culture et ne menacent pas l’ordre général».

Le monde arabe entame une révolution politique et culturelle depuis la chute des pouvoirs dictatoriaux qui a suivi la révolution tunisienne.
Mais tous les dictateurs de cet univers imprégné de religion et de fondamentalismes de toutes sortes,  ne sont pas encore partis. À la place de régimes démocratiques « laïques », on voit des États marqués par la présence, dans les gouvernements, d’Islamistes allant des plus « modérés » aux plus « fondamentalistes ». Il est ainsi clair que le passage de l’autoritarisme à la démocratie, telle qu’elle devrait être, ouverte sur les libertés individuelles d’expression, de croyance, de parité est encore un très long chemin à faire.

En Tunisie, un parti salafiste vient d’être autorisé sous le nom de « Parti  al-Islâh » Parti de la Réforme, dont le chef Mohamed Khoja a assuré à Reuters qu’il respecterait la démocratie et le caractère civil de l’État tunisien. Si les salafistes ont évité la provocation lors de la grande manifestation du 1er mai, dans l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis, ils n’ont pas pu s’empêcher de contester le refoulement, par les autorités tunisiennes, de Hassan Kattani et Omar El Hadouni, à l’aéroport Tunis Carthage, deux salafistes radicaux connus pour les attentats  du 16 mai 2003 à Casablanca qui ont tué 56 morts dont 12 kamikazes. Condamnés pour « endoctrinement des Islamistes », ils ont bénéficié d’une grâce royale depuis février dernier. On peut donc objecter de suite que si ces salafistes étaient prédisposés à agir dans le respect de la loi, de la démocratie et de la paix en évitant la violence contre ceux qui ne leur ressemblent pas, ils n’auraient jamais manifesté devant l’aéroport de Tunis. Je me demande donc si M. Hassan Kattani parle au nom de tous les salafistes de Tunisie ou uniquement en son nom propre.

L’arrivée du mouvement salafiste entant que mouvement politique et son officialisation récente est un événement à ne pas négliger car il est non aléatoire. Il est le fruit de ce long rapport d’entraide que l’on a vu, dans les actes, depuis la chute de l’ancien pouvoir. Un rapport d’entraide, de collaboration sur le terrain, puisque les salafistes n’ont pas pu participer aux élections du 23 octobre 2011.

Étant les soldats d’Ennahdha sur le terrain ils agissent concrètement dans le sens  d’une soi-disant « réforme » d’esprit à purifier de son côté occidentaliste, de son arabisme laïque et de son universalisme humaniste et pacifiste. C’est pourtant l’esprit tunisien nourri de complexité culturelle.
Le nom qu’ils donnent au parti est plus que révélateur de leurs intentions dont on a vu et pesé les dangers par leurs différents actes de barbarie sur des civils innocents, des journalistes, des artistes et peintres et même sur la police. Ces dernières semaines ont vu des actes de terrorismes sur le terrain, que le parti Ennahdha et notamment sa tête pensante (Ghannouchi) se sont permis de justifier par des arguments qui ne tiennent pas.

Une main basse sur le pays, prépare activement les prochaines élections, celles qui seront officielles et qui vont réellement décider du sort des Tunisiens.

Aussi, le gouvernement actuel s’est attaché et acharné à distribuer des postes-clés aux seuls partisans d’Ennahdha et après avoir cousu leurs bouches, les blessés de la révolution menacent dans un des récents sit in de coudre aussi leurs yeux.  
En même temps qu’Ennahdha tisse sa toile de fond dans l’infrastructure politique, elle lâche les salafistes sur le peuple et les présente comme des Tunisiens fidèles à leur pays. Tout le monde a bien vu qu’ils n’ont aucune culture tunisienne, formés en Afghanistan et en Arabie Saoudite, ces jeunes sont déracinés de leur culture originelle et ont du mal à vivre dans leur propre pays avec leurs familles et plus généralement le peuple dont ils sont issus.

Cet avènement d’un parti salafiste se trouve être la réponse d’Ennahdha  aux élections estudiantines dans les Universités où ils se trouvèrent extrêmement minorés et du regroupement massif d’un bon nombre de démocrates autour d’un parti unificateur, initiative menée par Béji Caïed Essebsi.

Passé cette période de calme au cours de laquelle les Salafistes ont réussi à officialiser leur parti et à le faire reconnaître, on voit depuis trois ou quatre semaines une recrudescence des violences : attaque d’un poste de police à la ville de Jendouba avec des cocktails Molotov, des gros couteaux et certains avec des sabres ; attaque de vendeurs de boissons alcoolisées dans cette même ville, le même jour ; attaque des artistes[1]et des journalistes et télévisions à Tunis et récemment à la Marsa et Sousse, conflits dans des villes comme le Kef, prise de la ville de Sejnane à Bizerte par des salafistes qui mènent les autochtones par le bout du net en leur imposant la pratique des rituels religieux tels qu'ils l'entendent et j'en passe… L'enfer de ces gens ne fait que s'accroître et même la police ne peut rien faire pour eux. Les forces de l'ordre sont démunies de toute autorité, les pauvres habitants de la ville sans cesse menacés et violentés en cas de désobéissance. 
De son côté, Ennahdha, fidèle à son projet initial de museler les différentes instances du pays, licencie des juges pour les remplacer par d’autres de leur propre rang, place des gouverneurs dans toutes les communes et villes et commence à agir en toute légitimité pour lancer la prochaine campagne électorale[2], certains affirment même que ce sont les fond publics qui sont utilisés à cet effet !!

Lorsque certains ont a voté pour des intégristes religieux, ils ont cru avoir fait un cadeau au bon Dieu, mais qui en a profité ? C’est Ennahdha, dans une quête folle du pouvoir. Ce n’est pas le sort des jeunes chômeurs qui l’intéresse, ce fut un argument de force de sa dernière campagne en même temps qu’une conception théocratique du parti : étant islamiste, il a une légitimité divine. Étant majoritaire dans la Constitution, sa place est sacrée et on jouera sur le divin et le sacré pour culpabiliser les plus niais et les plus croyants. À l’aveuglement d’un parti dogmatique, tyrannique, s’ajoute celui de pauvres croyants dont l’objectif est le paradis au milieu des Houris.

Pauvre Tunisie ! Alors que ce petit pays pacifique fit vibrer le monde par un soulèvement sans précédent, brisant les chaînes d’une longue dictature qui a duré vingt-huit ans, il montre au monde entier son incapacité à concrétiser ses vœux de démocratie, de liberté, son attachement à l’humanisme depuis des millénaires.
Bien qu’une partie importante de la population formée d’intellectuels moderniste luttant contre l’obscurantisme, cette dernière force semble gagner du terrain avec beaucoup d’assurance[3] : on compte en effet plus de 80 ministres, 16 des 24 gouverneurs du pays sont du parti Ennahdha, sans compter les anciens du RCD qui ont été transformés pour servir le seul parti qui doit subsister malgré tout. Ennahdha est en train de perpétrer le chemin déjà suivi par l’ancien président et son régime, il agit de l’intérieur, aidé financièrement et politiquement de l’extérieur par le Qatar, encouragé par les Etats-Unis. C’est dans ce sens que l’on entend maintenant dire haut et fort que la politique d’Ennahdha et bien celle du RCD.

On ne comprend que très mal cet engouement pour les partis religieux dans le monde arabe. À l’heure où les peuples aspirent à plus de démocratie, certains se veulent porteurs d’une culture islamique toute autre avec des valeurs nouvelles fondamentalistes et prêchant  le renfermement dans le culte.

Le XXIème siècle est décidément un siècle religieux, comme l’avaient annoncé certains penseurs. Mais de là à voir que les plus fondamentalistes de l’Islam se servent à la fois des avancées techniques et de la religion comme une arme pour étouffer une révolution culturelle qui pourrait apporter richesse et profondeur à la pensée politique de l’Arabe en général. La religion devient ici un frein à l’épanouissement personnel des hommes et des femmes, un moteur de répression et une manière caduque de penser le monde.
Aussi, la religion ne peut plus embrasser la sphère politique, mais devra se suffire de la sphère personnelle. On ne peut continuer à perpétrer ces violences explicites qui caractérisent les dogmes. Violence contre la libre pensée, violence contre ceux qui ne veulent plus pratiquer ou croire, violence contre des innocents dont le seul souci est de vivre dans la paix, violence pour le seul plaisir de voir souffrir l’autre. Le suicide récent d’un cyber activiste  tunisien est un cri de désespoir dont beaucoup ignorent sans doute l’ampleur, dont beaucoup ignorent la souffrance psychique et intérieure qui l’a provoqué… Comment peut-on continuer à vivre avec une telle réalité ? Comment vivre avec les nouvelles règles du jeu salafiste et islamiste de façon générale ? Comment accepter l’indignité dans laquelle la Tunisie se trouve aujourd’hui, gouvernée par des hommes qui n’ont du pouvoir que le désir ? Comment peut-on permettre aujourd’hui que des partis religieux soient autorisés après les crimes commis contre la société tunisienne, contre les civils, les autorités policières qui n’ont même plus le droit de se défendre contre les violences commises à leur égard ?
La question posée dans cet article est donc rhétorique du fait de l’avènement évident et irrévocable du religieux en politique depuis les récents soulèvements dans le monde arabe. Ne sont là que les signes précurseurs d’un monde qui se prépare à sombrer dans l’obscurantisme ? En Tunisie, certains sont inquiets face à l’occupation sur le terrain politique de ces Islamistes, toutes tendances confondues, certains autres ayant déjà bien digéré le discours officiel des gouvernants actuels sont sûrs que ces salafistes barbus ne pourront jamais nuire à la société, étant de pauvres personnes, sujettes à toutes sortes de misères et dont une bonne partie a fait de la prison.

On pense que tout va bien… Est-ce que tout va bien ? L’avènement des Islamistes au pouvoir dans le monde arabe n’est pas un hasard de l’histoire, mais un projet préparé, travaillé, longuement échafaudé. Ce retour en force des religions est bien le signe du désespoir des Arabes musulmans dans un monde où tout va si vite et leur demande de changer de culture, d’évoluer et de vivre l’Histoire qui est en cours.
C’est aussi le rêve d’un retour au califat, comme cela a été annoncé par Jbali, le Premier Ministre tunisien pendant la campagne électorale d’octobre 2011.
C’est de même l’appropriation du pouvoir, après des années d’isolement, par un groupe islamiste qui a changé de nom comme on change de chemise afin de prendre des allures de parti religieux modéré. 
C’est le signe que le religieux travaille dans les méandres des sociétés arabes, dans leurs plis les plus secrets depuis des années et que le fruit de ce travail a si bien muri : un Islam combattant et violent explose à la figure des plus modernistes, des plus démocrates et des plus laïques. 
C’est enfin un bon barrage à l’évolution du reste du monde arabe vers des régimes laïques, non monarchiques, plus démocratiques. L’Arabie Saoudite et le Qatar ont bien œuvré pour bloquer toute infiltration d’idéologies progressistes dans leurs univers respectifs marqués par le pétrodollar, la corruption et surtout la vieillesse des gouvernants qui n’ont plus rien à donner à leurs peuples, incapables de construire un nouvel humanisme.
La suite de cette décevante épopée qu’est celle du « printemps arabe » n’est pas sans nous réserver des surprises, le futur nous le dira. 







[1] Ce message a été posté su Facebook le 10 mai « DES SALAFISTES SONT VENUS À LA ABDELYA ACCOMPAGNÉS D'UN HUISSIER NOTAIRE ET D'UN AVOCAT ET ILS VONT INTENTER UN PROCÉS CONTRE ARTISTES ET GALÉRISTES. ILS ONT DONNÉ UN ULTIMATUM POUR QUE LES OEUVRES SOIENT DÉCROCHÉES LORS DE LEUR PROCHAINE VISITE À 18H ! TOUS À LA ABDELYA À PATIR DE 17H POUR DÉFENDRE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION OU LA LIBERTÉ TOUT COURT!""